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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 21:28

 

Rencontre avec … 

On a slamé sur la Lune 

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Pouvez-vous nous présenter le collectif ?

Marc-Alexandre (MA) : « On a slamé sur la Lune » en quelques mots, le collectif est une bande de ménestrels, de troubadours, certains diront modernes, d’autres contemporains. Une joyeuse bande de troubadours qui ont choisi de s’associer pour promouvoir un art de vivre et d’écrire. Et aussi un art de dire puisqu’on fait du Slam. J’aime à penser que c’est d’abord un art de vivre que l’on essaie de partager, de transmettre aussi, au travers d’ateliers d’écriture, de rencontres qui sortent du cadre « spectacle vivant » mais c’est des choses qui nous tiennent à cœur. Pour résumé je peux aussi te dire que le collectif « on a slamé sur la Lune » est une OLP, c’est-à-dire une Organisation pour la Libération de la Parole. C’est aussi quelque chose qui est inscrit dans les gènes du collectif.

 

Comment est né cette joyeuse bande de troubadours?

Albert : Différentes rencontres, des rencontres sur des scènes slam lilloises pour certains, et d’autres parfois via des amis en commun, mais il y a toujours le slam qui est le lien de toutes ces rencontres. Et de ces rencontres est née une véritable amitié.

MA : Le collectif est « né sur scène » parce que deux fois par mois j’animais une slam session (soirée café-poésie) avec Chancellor, au Salsero à l’époque. Tous les slameurs qui ont fait partis de cette aventure-là et qui font partis de cette aventure encore, se sont rencontrés là. En dehors il y avait aussi des atomes crochus, par des amis qu’on avait en commun mais c’est vrai que c’est sur cette scène-là que tous ont dit leurs textes et on s’y est reconnu. Parce que moi je crois très fort au fait que nos âmes peuvent se connaitre avant même qu’on se rencontre – je lis beaucoup de bouddhisme et de littérature spirituelle où ces choses-là existent et moi j’y crois profondément- En entendant par exemple Albert slamer pour la première fois il y a des choses qui me parlaient tellement dans ce qu’il disait que je me suis dit « y’a quelque chose », tout comme Chancellor, comme d’autres aussi qui font partis de l’aventure. Et tous les slameurs qui venaient sur cette scène-là n’ont pas fait partis du collectif. Tout en respectant tout le monde, il y a certains des slameurs avec qui on a ressenti des liens fraternels dès les premiers mots en fait. C’est une affaire d’émotion et aussi de correspondance d’idéo, de combat car tout le monde n’écrit pas pour les mêmes raisons. Tout le monde n’écrit pas, quelque fois « contre » la littérature, celle qui se regarde elle-même et qui ne va pas voir ce qu’il se passe ailleurs, et il y avait d’abord ça dans les textes. Je pense qu’on s’est trouvé grâce à nos textes. Et après, comme tu disais tout à l’heure, quand tu sors des textes, les discussions que nous avons à refaire le monde et à boire des verres. A se dire quel est le truc le plus fou qu’on pourrait faire c’est d’aller slamer sur la Lune et puis tout le monde a les yeux qui pétilles à cette idée-là et là je me suis dit, tiens j’ai rencontré d’autres fous rêveurs comme moi avec qui je peux tenter ce pari et voilà. Il y a vraiment ça, donc les mots, la poésie, une passion vraiment organique pour chacun d’entre nous et au-delà de la poésie, ce regard vers l’autre c’est envi de, et partager l’idée que les rêves et les utopies construisent le monde et tout le monde n’a pas ça. Et nous on a trouvé ça, l’envi de faire des choses, de se dire que c’est possible alors que tout le monde te dit que c’est un truc fou.

 

La construction s’est donc faite petit à petit ?

MA : Oui, il n’y a jamais eu de casting au départ, c’est d’ailleurs pour ça qu’on est un collectif d’artistes  et pas un groupe, la nuance est là. Un groupe de rap, de slam ou de rock chaque membre a sa fonction dans le groupe et nous le collectif c’est plutôt une entité ouverte sur le monde et ouverte aux autres et où on respecte finalement les individualités de chacun, des intérêts qui peuvent flirter avec la musique, le théâtre, la danse et en même temps nous avons ce besoin de se retrouver tous autour de thématiques qu’on a choisis pour porter des spectacles, défendre des causes comme ça peut nous arriver.

 

Il y a combien de temps de cela ?

MA : Quelques Lunes, on dira. Plus précisément, pour respecter un peu la question le collectif a maintenant cinq ans d’existence « officielle », on a monté une association il y a cinq ans, mais l’OLP agit depuis sept ans d’une certaine manière. Il y a cinq ans nous avons décidé de créer une association car nous étions souvent contactés par des profs pour intervenir dans des collèges et des lycées et il fallait une structure pour ça, un cadre juridique.

 

Tu en parlais un peu tout à l’heure mais comment décide-t-on d’aller slamer sur la Lune ?

MA : Le nom est né lors d’une soirée d’ébriété intellectuelle. Dans ce moment d’euphorie collective, on s’est dit que la chose la plus folle que nous aurions pu faire c’est sur la Lune. Avec tout ce que ça comportait dans l’image, dans la métaphore, le fait de traverser les océans, d’aller le plus loin possible de nous-mêmes, pour rencontrer l’autre, même si pour le coup il s’agirait d’extra-terrestres mais nous en avons quelques-uns parmi nous (rires), faut donc vivre avec cette idée-là.

Albert : L’idée d’aller jusqu’au bout du monde, d’aller rencontrer l’autre, prendre un bateau et viser le coucher du soleil. Mais il y aussi cette idée de slamer de la Lune, de slamer depuis la Lune et du coup observer la Terre et regarder ce qu’il s’y passe. Se mettre à l’extérieur pour mieux voir les choses, s’extraire du monde courant, observer la Terre sous toutes ses facettes possibles et de clamer à la Terre tout l’amour qu’on a pour elle évidement et surtout aux humains. Ainsi avoir un regard sur une face par exemple sur l’Afrique, et comme un miroir faire refléter ce que l’on voit vers l’Asie, ver l’Europe. Etre finalement le lien de partage entre les gens.

 

Pourquoi avoir choisi le slam ?

MA : Je pense que chacun a sa raison, mais moi je répondrai que c’est venu naturellement, aussi naturellement qu’un oiseau se pose sur une branche. On écrivait déjà tous avant même que le slam existe dans les médias et sans savoir que ca pouvait s’appeler comme ca. Car le slam est un fait un mouvement à la mode depuis les succès commerciaux. Grand corps malade, Abd Al Malik, c’est grand public en France. On écrivait donc déjà de la poésie, des nouvelles, des romans, du théâtre et le slam a une liberté totale dans l’écriture. Nos amis qui rap par exemple, ont le cadre, le beat, l’instru pour poser leur texte, il y a un refrain, des couplets… Or dans le slam, tout était à faire, c’est-à-dire que tout est libre, tu peux avoir une tirade de quinze pages sans aucun refrain comme tu peux le faire de manière plus « chanté », c’est toi qui décide ce que tu as envi de partager et comment tu veux le partager avec le public. Cette liberté là elle est très attirante pour un auteur qui découvre qu’il peut dire ses textes parce que finalement il n’a pas à ressembler à qui que ce soit, il n’a qu’à être lui-même et essayer d’être le plus sincère possible. C’est la force du slam, c’est qu’on est tous capable d’aller slamer, en chacun d’entre nous sommeille un slameur puisqu’on a tous des émotions qu’on peut décider un jour ou l’autre de partager. Moi j’ai découvert le slam à travers un film et un personnage qui aussi un personnage dans la vie, Saul Williams, champion de « spoken words » aux Etats-Unis parce que « slam » là-bas ce sont les compétitions et l’art c’est le spoken word. Quand on parle de slam session c’est une compétition où les artistes de spoken word viennent confronter leur texte et à la fin le public décide qui a été le meilleur poète de la soirée.

 

A qui s’adressent vos textes ?

20398815-avatar largeAlbert : l’écoute reste libre à qui a envi d’écouter et de partager. Ca va de l’enfant de deux ans qui ne comprendra pas tout mais qui va percevoir un certain rythme, et ca va le faire rire, à la personne âgée de quatre-vingt, quatre-vingt dix ans. Nos textes sont dirigés vers tout le monde, peu importe l’âge, la condition sociale…

 

MA : Qui veut partager… Pour nous le slam avant d’être un mouvement ou une discipline artistique, le slam est un moment d’humanité. Et lorsqu’on est sur scène pour un spectacle ou une performance artistique, quand on est engagé auprès d’une association pour défendre une cause, il y a toujours cette invitation au partage, cette invitation au voyage poétique. Il y a un réel échange qui passe comme ca avec le public et c’est ca qui nous nourrit aussi et qui nous donne envi de continuer à faire de la scène. Ces moments-là sont uniques. Ce que tu ressens en sortant d’une scène slam en Afrique du Sud, au Sénégal ou à Lille , les rapports que tu peux avoir avec les gens qui viennent te voir à la fin et de l’émotion qui a fait échos en eux, qui a fait resurgir des choses. Et ca c’est génial, car on écrit on a beau être enfermé dans une forme de solitude et puis quand on « dit », cette solitude là elle explose totalement. Et la personne qui reçoit, interprète, mais par rapport à sa propre vie. Un exemple d’une des dernières fois, c’était dans le Pas-de-Calais, lors d’une scène, en première partie, des jeunes avec qui on avait fait un atelier d’écriture slam, un monsieur vient nous parler de la guerre et nous à aucun moment on avait parlé de manière « concrète » de guerre dans le texte sauf que dans ce qu’il avait entendu de mots de résistance, de mots d’idéal, de valeur, ca l’a emmené dans sa propre histoire et donc resurgir en lui les raisons pour lesquelles il s’était engagé dans la résistance. On se retrouve avec un monsieur de quatre-vingt cinq ans, je crois, qui est venu s’assoir à table avec nous, qui était encore bénévole dans une association, qui venait donner un coup de main, et il nous a raconté, « moi je me suis engagé dans la résistance, parce que… ». Un monsieur « chti », bien bien d’ici, qui nous parlait à nous d’ici et d’ailleurs. On avait ca en commun, alors qu’on n’était pas de la même génération… et c’était génial alors que nous étions admiratifs de la vie qu’il a eu et du combat qu’il a mené des causes qu’il a défendu, lui nous disait à quel point il était touché par ce qu’on fait. Et c’est grâce à des gens comme lui, qui a prit les armes pour défendre une liberté à laquelle il croyait, qu’on peut aujourd’hui s’assoir à la même table et échanger et que le monde a évolué un petit peu, même s’il reste encore plein de choses à faire. Et le slam je pense est un mouvement qui permet cela, car ca aboli cette frontière qu’il y entre l’artiste et celui qui ne l’est pas. Parce que les textes une fois qu’ils sont échangés, on se rend compte que c’était juste un être humain derrière un micro et c’est aussi un être humain qui a reçu, qui a ressenti. Il n’y a pas de « starification » ou tu es sur tes grands chevaux, dans ma loge, j’ai fait mon truc et je m’en vais. Et donc il y a ce côté humain, et j’espère qu’il sera toujours présent lorsqu’on parle de slam.


Quels sont les messages que vous voulez faire passer ?

Albert : Des messages, il y en a beaucoup… il y en a énormément. Mais ils se croisent tous sur cette notion d’humanité, de partage, de faire écho à, donner la voix à ceux qui n’en n’ont pas…

MA : Il y a  certains messages qui englobent tous les autres. Notamment, je disais tout à l’heure « les rêves et les utopies construisent le monde », et c’est quelque chose auquel moi je crois profondément et que j’ai envi de transmettre, déjà à mes enfants et à ceux qui nous prêtent, ceux qui nous « offrent » leur écoute. C’est vrai qu’on vit dans un monde qui a tendance à enfermer dans une forme de cynisme fécond et où on dit c’est chacun pour soi, et nous on a envi de dire non, il y a d’autres voies/voix, d’autres choses, d’autres manières de vivre. Dans une salle de deux cents personnes, s’il n’y a que dix personnes qui ressentent ca,  tant mieux, et ces dix personnes la, au fur et à mesure que d’autres s’y associent et c’est un mouvement de pensées qui se crée comme ca de part le monde et de gens qui échangent autour de ca.

 Le texte d’un ami par exemple qui dit : « n’acceptez jamais les règles qu’ils ont fabriqués, n’acceptez que les rêves que votre cœur veut abriter ». Ca c’est un message, notamment aux jeunes générations à qui on dit d’arrêter  de se plaindre du système. Au-delà de « s’indigner » comme le dit si bien Stéphane Hessel, mais aussi, « engageons-nous », s’engager modestement, chacun à son échelle. Et c’est comme ca qu’on peut changer les choses. Et si le slam peut servir à ca, tant mieux ! Et nous au collectif on s’en sert lors des interventions avec les jeunes, ils sont tous excités, curieux dès que la prof dit qu’on va faire du slam, et finalement on aborde des questions citoyennes. L’impact est parfois plus important que lors d’une simple intervention citoyenne.

 

Albert : On  aurait bien pu se limiter à faire du slam avec un texte rythmé, avec de jolies rimes et super chantant, mais sans fond derrière et donc sans sens. Nous on pense que le sens et l’étique vaut plus que l’esthétique. Il ne faut pas que les jeunes qui nous auront écouté sortent de là et se disent « cool c’était sympa », mais « au fait t’as gardé quoi toi ? ». Il faut qu’on arrive à se poser les bonnes questions sur soi-même et sur son rapport avec les autres. On parle de l’engagement citoyen, où doit se diriger cet engagement ? Comment je fais ? Comment j’entreprends ce « combat » ?

MA : Ce sont des choses dont on a hérité et il faut les transmettre. Les combats qu’on mène aujourd’hui, d’autres les ont menés avant nous, pour certain résultat et à nous de les faire perdurer. Et de toute façon on partira et on les léguera. Les arts que nous pratiquons, nous ont précédés et nous survivront. Le « power to the people » à Soweto ou aux Etats-Unis pendant la ségrégation, les luttes pour la décolonisation, l’engagement de leaders comme Sankara, comme Lumumba, et de tellement d’autres, ces combats pour le mieux vivre de la multitude. Et ces combats-là on les poursuit modestement d’une certaine manière et on les transmettra. Car quand on sera parti, tout ne sera pas réglé, tout sera encore à créer et à faire.  Mais se dire qu’on a donné du sens à sa vie à travers des actes poétiques, ou politiques pour ceux qui s’engagent, car la politique nous parle à tous, la définition propre du mot « politique » c’est l’organisation de la cité. Pour nous écrire de la poésie c’est prendre parti et prendre parti c’est avoir envi de participer à l’organisation de la cité, la société, le monde dans lequel on vit. Il ne suffit pas d’écrire, il faut que les actes aussi suivent parce que lorsqu’on s’engage et qu’on parle de vivre-ensemble ce n’est pas pour se retourner et regarder l’autre avec un regard inquisiteur. Il faut garder une certaine cohérence. Et on essaie modestement d’être à la hauteur des idéo qu’il y a derrière nous. Ce n’est pas toujours facile car nous sommes que des hommes, avec nos faiblesses et nos aprioris tous. Etre un homme c’est aussi être capable de reconnaitre ca, qu’on est tous capable de ressentir de la xénophobie, de la méfiance envers l’autre, envers l’étranger car on est tous les étrangers de quelqu’un au final. Et la poésie nous aide déjà à voyager à travers ca, car nous aimons la poésie française, la poésie antillaise, la poésie orientale, ou encore américaine, et c’est intéressant de voir les correspondances qui peuvent circuler dans toutes ces pensées là. Moi je me souviens de moment de jubilation totale en lisant certains textes de Mahmoud Darwich, car j’ai senti des choses chez lui que j’avais vues chez Edouard Glissant. La poésie c’est la pensée du monde, d’ailleurs lorsqu’on né, on ne précise pas dans quel pays, mais on dit « je suis venu au monde » et pas « je suis venu au Cameroun » ou « je suis venu au Liban », on dit « je suis venu au monde » et ca veut bien dire ce que ca veut dire dans le rapport qu’on doit avoir avec le monde.

Et lorsqu’on sent ces pensées la qui circulent, on a envi d’aller vers l’autre, de croire qu’on peut vivre en dehors du cynisme et de tout ce qu’on essaie de nous imposer comme manière de penser le monde. Le repli identitaire, chacun pour sa gueule, Non, il y a d’autres formes de vie ensemble. Et nous on l’a expérimentés au-delà du slam, en voyageant. En se sentant chez nous à Johannesburg, à Dakar alors qu’on y a jamais mit les pieds avant, en allant aux quatre coins du monde, en retrouvant à chaque fois, des sensations qui nous faisaient nous sentir chez nous car les gens nous accueillaient, nous écoutaient, alors que quelque fois il y avait la barrière de la langue mais ils nous écoutaient, et on s’est rendu compte qu’on parlait la même langue, la langue du cœur.

Qui vous inspirent ?

MA : Mes parents d’abord. Ils m’ont aidé à élevé mon esprit. Puis après les lectures, les poètes rencontrés à l’école et en dehors de l’école. Ceux qui ont justement dans leur poésie toujours été au contact du monde, qui n’ont pas passé leur temps à faire de la « masturbation intellectuelle ».

 

Des exemples de noms peut-être ?

MA : Aimé Césaire, Edouard Glissant, René Char, a qui je dois mon pseudo en parti, Kateb Yacine, Kundera, Arrabal, Mahmoud Darwich, Damas, Senghor, Césaire, c’est le trio de la négritude. Et d’autres auteurs que je découvre. Comme plus récemment j’ai découvert grâce à Albert un poète qui s’appelle Félix Morisseau-Leroy, un poète haïtien, Franck Etienne lui aussi haïtien. Et au-delà des poètes il y a des hommes qui ont eu des actes forts, de Mandela à Gandhi, en passant par Sankara, Lumumba, qui ont poser des actes de résistance contre l’occupant, ces histoires racontées par les grands-parents, les parents.

Albert :Evidemment les parents, Félix Morisseau-Leroy, poète écrivain, qui était en fait mon grand-père. J’ai commencé à écrire avant de le rencontrer. Tous les auteurs de cette génération là et de cette génération actuelle qui écrivent en s’ouvrant aux autres, en invitant à un voyage. Et surtout en détruisant la notion de fatalité, que tous est possible, on peut détruire ce qui est « aujourd’hui » et créer « demain » ou transformer ce qui existe pour le rendre meilleur. L’histoire de Mandela, ca date d’hier, ce n’est pas si vieux que ca, pourtant ce n’était pas écrit, et pourtant, regarde ce qu’il est devenu. Si le système actuel ne nous plait pas, ou on considère qu’il ne nous convient pas, dans ce cas créons-le, imaginons ce qui pourrait faire qu’il serait meilleur ! Nous n’avons aucune raison de nous résigner !

 

Pouvez-vous nous citer un passage de vos textes qui vous décrit le mieux ?

MA : Avant de citer nos textes, je voudrais d’abord t’offrir trois citations qui ne sont pas de moi. Aimé Césaire : « La justice écoute aux portes de la beauté », cette phrase est magnifique dans le rapport qu’elle a de l’éthique et de l’esthétique. Il ne peut y avoir de beauté sans justice. « Gardons nous de croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur ». Passer sa vie à laisser faire les choses, laisser dire les autres… c’est quelque part ne pas vivre. Edouard Glissant disait : «  Agis dans ton lieu, penses avec le monde ». Ce sont des choses qui nous parlent de manière intime et qu’on essaie d’appliquer. On est lillois de manière « géographique » mais penser ca va au –delà du lieu où on nait, du lieu où on vit.

Aujourd’hui, même si l’on ne va pas vers le monde, le monde s’invite chez nous. Simplement à travers la fenêtre télévisuelle. On assiste au désastre du monde ou au bonheur du monde en étant assis dans son canapé.

Franck Etienne lui disait, car c’est important de le citer : « Rêver c’est déjà être libre ». C’est une phrase que j’ai sous mon oreiller depuis l’âge de seize ans, j’en ai trente cinq aujourd’hui, le papier est un peu froissé mais le rêve lui continu.

 

Albert : Exercice difficile car chaque ligne de notre propre texte nous définissent. Chacune des lignes correspond à une goutte de mon sang. Je vais te citer des passages d’un texte que j’ai commencé il y a longtemps, qui a eu une première fin et qui a une suite. Commencer sur une chose et se rendre compte qu’on peut aller plus loin. Tout ca pour dire qu’on ne peut pas se limiter à une seule fin. 

« J’écris mes peines, mes joies, les tiennes et les siennes,

Écrire juste ce que je vois pour qu’on me et les comprenne »

« Crier les non droits de l’Homme »

MA : «  Ecrire pour qu’on me et les comprenne », cette raison en tout cas d’écrire est une belle raison d’écrire. Et avant d’être belle elle est avant et surtout profondément humaine. C’est quelque chose qu’on partage tous, ce besoin, ou envi pour d’autres, d’écrire pour tous. Ecrire au départ c’est égoïste, mais c’est un égoïsme qui passe par l’altruisme, par la générosité car il ne vaut que pour les autres aussi.

 

Une dernière question ? Mis à part le slam, que trouve-t-on d’autre dans vos têtes ?

MA : Rires. La vie, l’amour, la famille… Mais tout est lié. Par exemple quand je vais te parler d’amour, je vais penser à mes enfants et je vais penser que chacun d’eux est un poème donc je reviens forcément à la poésie… De ma famille, pareil…

 

Myspace d'On a Slamé sur la Lune : ici

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